PROCES A MONT DE MARSAN : RACISME A L’INSU DE SON PLEIN GRE !

jeudi 2 août 2012
par  mrap40
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Le Mardi 10 juillet 2012 sur plainte du MRAP, le tribunal de Mont de Marsan avait à juger de la diffusion, par les réseaux de courriers électroniques, d’écrits dont la nature raciste ne faisait aucun doute.
Cette diffusion a consisté à faire circuler des textes et des montages photographiques odieux stigmatisant les populations musulmanes ou arabo-musulmanes et plus généralement les immigrés ou les français issus de parents étrangers.

Dans le cas d’espèce, « l’humour » (les prévenus se réclamaient de l’humour) consistait par exemple à lister les syndicalistes étudiants ou lycéens en fonction de la consonance de leur nom, ainsi qu’à diffuser leurs photographies assorties de commentaires tels que (oh la gueule, c’est vrai qu’il fait peur).

Ces jeunes gens étaient présentés comme ceux qui « mettent la France, notre France, à feu et à sang,  » et ironiquement comme de « bon français , un peu comme vous et moi !  »

Ce doute émis sur les « bons français  » a été confirmé à l’audience par l’un des prévenus qui précisait que le texte qu’il avait trouvé sur internet relevait les noms « étrangers « du syndicalisme étudiant. Ce à quoi le président du tribunal a rappelé que les noms concernés étaient des noms français, quelle qu’en soit la consonance. Les préjugés racistes peuvent donc aussi rencontrer l’inculture !.

Un autre déclinait ainsi les lettres du mot France « Fédération de réfugiés arabes nourris par les caisses de l’État "

Tandis qu’un troisième visait les femmes musulmanes qui portent un voile (200 € PAR MOIS POUR PORTER LE VOILE ! C’est ce que touchent de l’Arabie Saoudite, par le biais d’un organisme, toutes les femmes musulmanes vivant en Europe pour porter le voile dans les pays de la communauté européenne, ajoutant : « Demain, elles seront payées pour déposer un paquet dans un lieu public ou bien pour servir de boite aux lettres ou encore recevoir chez elles des musulmans extrémistes terroristes !  ». On cherchera vainement l’humour dans ce faux grossier et haineux  !

Les messages émanaient de personnalités décorées de médailles de la République, membres de l’Ordre National du Mérite, anciens officiers supérieurs de l’armée et de la gendarmerie tel que cela a été rappelé à l’audience par les intéressés et l’avocat du MRAP .

Le ministère public a conclu en la responsabilité des trois personnes en requérant une peine d’amende avec sursis.

Le tribunal a relaxé les auteurs de la diffusion au motif que des doutes existaient sur l’intention de provoquer à la haine raciale en diffusant ces contenus racistes.

Le MRAP est attaché au bénéfice du doute. Un tribunal doit en effet s’interroger sur le doute et toujours en faire bénéficier ceux qui sont déferrés devant lui, même si le MRAP lui-même n’a guère de doute concernant les contenus incriminés et les motivations des intéressés.

Le président du tribunal a cependant précisé aux prévenus que la décision du tribunal s’était jouée à peu, que les contenus diffusés constituaient l’expression d’une « bêtise aggravée  » émanant de gens instruits. Ces contenus étant donc indignes de ce que les prévenus étaient cencés représenter.

Dans le cas d’espèce les prévenus auraient donc été un des maillons constitutifs d’une chaîne de diffusion de messages racistes, mais à l’insu de leur plein gré !, (chaîne de diffusion car on trouve en effet les textes et photos que les prévenus présentaient comme de l’humour sur la plupart des sites d’extrême - droite dont on connaît le sens particulier de l’humour !. Maître Béatrice Létang Forel avocate du MRAP, a d’ailleurs rappelé les précédents d’un grand humoriste, Jean Marie Le PEN et son « Durafour-crématoire  »)

Le MRAP aurait souhaité bien évidemment que les conclusions du ministère public soient suivies par le tribunal.

Au-delà de l’aspect juridique, au-delà du doute du tribunal sur l’intentionnalité de la provocation, il apparaît que les écrits diffusés étaient bien des écrits dont la nature raciste n’a pas fait l’objet de contestation.

De tels écrits sont effectivement indignes des fonctions occupées par des personnalités qui devraient donner l’exemple.
Rappelons que l’association Nationale des membres de l’ordre du mérité précise dans l’article 2 de ses statuts
développer, en particulier chez les jeunes, l’esprit de la citoyenneté et du civisme,
le dialogue et la transparence dans les relations internes ou externes.
L’association décerne en outre un Prix national du Civisme pour la Jeunesse,

Le MRAP s’adressera donc à la Chancellerie de l’Ordre national du mérite et aux ministères concernés pour les informer sur la gravité des faits, à savoir la diffusion d’écrits racistes de la part de personnes chargées par la République de donner l’exemple aux plus jeunes.

Quelles qu’aient été les motivations qui ont conduit à l’attribution de médailles de la République, les messages orduriers relevés par le MRAP sont indignes de l’esprit qui est censé être celui de l’ordre .

La décision de justice est une chose, l’éthique qui devrait prévaloir chez ceux qui bénéficient des décorations de la République en est une autre.

Les haines anti-musulmane et anti-arabe des messages concernés entrent en totale contradiction avec l’éthique définie par l’ONM.

Le MRAP interviendra donc auprès des ministères concernés pour que le respect de cette éthique soit imposé à tout membre de l’ordre national du mérite, notamment en ce qui concerne les mots et actes racistes.

A défaut d’une sanction judiciaire, une tâche affectera dorénavant les rassemblements où participeront ceux qui se sont faits, à l’insu de leur plein gré ou non, les petits VRP de la haine que l’on trouve dans les espaces les plus glauques du WEB.