LE PEN ET LA BANALISATION DE LA SOLUTION FINALE !
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Le Pen vient de réaffirmer que la solution finale est un « détail de l’histoire ». Cette déclaration lui avait déjà valu en 1997 une condamnation pour « banalisation de crimes contre l’humanité ».
Le MRAP national a publié le 25 mars un communiqué dénonçant cette déclaration :
[1]
A l’époque, hormis la clique des négationnistes, personne n’osait banaliser le crime contre l’humanité commis à l’égard des juifs, des tziganes ou autres minorités.
L’industrie de la mort organisée par les nazis était reconnue comme une monstruosité historique sans précédent , sa réduction à l’état de « détail », sa dilution dans l’ensemble des crimes qui ont traversé l’histoire de l’humanité, n’en apparaissait que plus scandaleuse.
Si Le Pen reprend aujourd’hui la thèse du « détail » , il faut y voir plus que les derniers soubresauts d’un vieillard qui vomit sa haine des juifs. Il juge peut-être que le moment lui est plus favorable sachant que la banalisation du génocide pénètre aujourd’hui un certain nombre de discours et de manifestations.
Dans des slogans entendus récemment, les termes de « génocide », de « nouvelle shoah » à Gaza, procèdent eux aussi de la banalisation des chambres à Gaz.
Si la barbarie coloniale de l’État Israélien avec ses nombreuses victimes écrasées sous les bombes est assimilable à l’holocauste, alors la répression coloniale qui fit 30 000 morts à Sétif en 1945 ou 87000 à Madagascar, s’apparente elle aussi au génocide commis par les nazis et tant d’autres crimes contre les peuples avec elle !.
Tout étant holocauste, il n’y a plus vraiment d’holocauste, c’est une autre forme de négationnisme !.
Les millions de personnes parties en fumée, deviennent donc des "détails" dans l’histoire des horreurs humaines.
Des slogans et des banderoles bien inquiétants ont lourdement pesé sur les manifestations de soutien au peuple de Gaza en janvier 2009, sans éveiller de protestations particulières parmi certains de ceux qui se réclament de l’antiracisme.
Comme si la lutte pour les droits d’un peuple opprimé depuis 60 ans pouvait passer par un parallèle inacceptable entre le nazisme et une entreprise coloniale criminelle..
Mais la banalisation du nazisme et de ses crimes n’est-elle que l’apanage d’une frange de la gauche pro-palestinienne ou de l’islam politique ?
Lorsque des manifestations communautaires de soutien à la politique israélienne se terminaient pas la remise de prix Goebbels à des journalistes comme Charles Enderlin, n’y avait t’il pas une scandaleuse banalisation du nazisme et des théoriciens de la solution finale.
Lorsque que tel intellectuel communautaire, permanent de France culture et des émissions télévisées, déclarait à propos des agressions antisémites en France, qu’il s’agissait d’une nouvelle « nuit de cristal », il fallait y voir beaucoup plus qu’un simple débordement , mais bien une autre forme de banalisation. qui a valu la réponse cinglante de Simone Weil dans son discours à Berlin le 28-29 avrill 2004, lors de la conférence de l’OSCE sur l’antisémitisme :
« Ne faisons pas aux victimes des persécutions passées l’outrage de comparer, même indirectement, même par allusion, ce qu’elles ont vécu avec ce qui arrive aujourd’hui aux juifs de France. Quand, Présidente de la Fondation pour la mémoire de la Shoah, j’entends parler, à propos de la France des années 2000, de « Nuit de cristal », ce n’est pas seulement l’honneur de mon pays que je suis obligée de défendre, c’est le respect de la mémoire des victimes. Et c’est aussi la vérité «
La banalisation de la période nazi dans les divers débordements communautaires, procède bien d’un outrage commis à l’encontre des victimes de l’holocauste, juifs, tziganes, ou homosexuels et au-delà d’eux, d’un outrage à l’histoire et ses enseignements.
C’est le terreau de cette banalisation multiforme du nazisme et de ses crimes qui donne aujourd’hui une vigueur nouvelle au chiendent négationniste.
[1] En déclarant, mercredi 25 mars, " Je me suis borné à dire que les
chambres à gaz étaient un détail de l’histoire de la guerre mondiale, ce
qui est une évidence ", Jean Marie Le Pen vient, une fois de plus, de
récidiver dans l’immonde.
Par cette nouvelle provocation, Jean-Marie le Pen confirme et valide la
nature antisémite et négationniste du Front national. Ces propos sont
d’autant plus graves qu’ils ont été tenus sciemment, alors que le leader
d’extrême droite est au centre d’une polémique au Parlement européen sur
la possibilité qu’il en préside la prochaine session inaugurale.
A quelques mois des élections européennes, ces propos innommables
marquent sa volonté d’envoyer un message à l’ensemble des négationnistes
d’Europe, volonté d’une dangerosité extrême.
Rappelons que Jean Marie Le Pen est le seul homme politique français à
avoir été condamné 34 fois par la justice de la République, dont une
fois concernant les mêmes propos qu’il a tenu ce 25 mars. Estimant que
ces propos relèvent manifestement, une fois de plus, d’une volonté de
contester les crimes contre l’humanité, le MRAP étudie dès à présent les
suites judiciaires à donner à cette affaire.
Paris, le 25 mars 2009.