L’ignoble agression antisémite de Créteil.

lundi 8 décembre 2014
par  mrap40
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==> 1 - communiqué du MRAP National !

==> 2 - communiqué de la fédération du Val de Marne

==> 3 -Débat sur Arte avec la participation de Pierre Mairat

==>4 - Un antiracisme bien sélectif vu par le site "’Ensemble" qui retire à l’acte barbare sa qualification antisémite.


1 - Créteil : Le MRAP indigné par l’agression contre un jeune couple juif

Les témoignages des jeunes victimes font état, lors de l’agression, de références à leur judéité ainsi qu’à celle de leur famille.

Dans un contexte de montée des agressions racistes, dont les actes antisémites, la société doit apporter une réponse ferme, renforcer sa vigilance contre le racisme sous toutes ses formes et lutter contre tous les stéréotypes.

1 - Fédération départementale du Val de Marne, Déclaration suite à l’agression antisémite de Créteil

Les arguments employés lors de cette agression, et qui se seraient déjà déroulés selon le même scénario : « les juifs ont de l’argent, donc ils peuvent payer » ne doivent pas laisser indifférents. Ils démontrent les fantasmes véhiculés, avec une certaine complicité il faut le dire par certains médias et pseudo intellectuels, par une frange de plus en plus active des mouvements d’extrême droite. Malheureusement, ils trouvent des échos bienveillants chez une partie de la population qui n’a plus de références. Ils rappellent une histoire encore brulante. Ils devraient nous interpeller sur la montée inquiétante des idées de l’extrême droite fasciste en Europe et aussi en France et à notre responsabilité pour dresser un barrage efficace contre cette montée nauséabonde. »

3 - Suite à cet acte raciste, la chaîne ARTE a organisé un débat dans l’émission 28 minutes
"Racisme, antisémitisme : comment lutter contre la haine ? -

4 - Comment déqualifier la nature antisémite d’un acte ignoble
.

A l’évidence le "ENSEMBLE" du " mouvement pour une alternative de gauche alternative et solidaire" ne s’applique pas à la condamnation de l’acte antisémite de Créteil, Il suffit de lire l’article ci-dessous pour s’en convaincre ?

https://www.ensemble-fdg.org/content/un-crime-crapuleux-et-son-traitement-politique

Un jeune couple juif a été victime d’une épouvantable agression et du viol de la jeune fille, avec la circonstance aggravante d’antisémitisme.


Les antiracistes et notamment les principales organisations, LDH LICRA SOS MRAP ont dénoncé cette agression pour ce qu’elle est , crapuleuse et antisémite, sans chercher à rentrer dans des considérations et explications conduisant à minorer la gravité antisémite des faits.

Le MRAP espère que les auteurs des faits trouveront une sanction à la hauteur de leur acte ignoble et raciste.

Mais les agresseurs ont déjà trouvé des circonstances atténuantes dans un article paru sur le site du « mouvement pour une alternative de gauche alternative et solidaire.
https://www.ensemble-fdg.org/content/un-crime-crapuleux-et-son-traitement-politique

Le titre donne la tonalité générale de l’article « Un crime crapuleux et son traitement politique », la référence au racisme a disparu, ne reste que la crapulerie et les médias.

Non seulement cet article atténue la gravité des actes (violence, viol et antisémitisme) en les faisant sortir du champ de l’antisémitisme, mais il trouve implicitement des circonstances atténuantes , politiques et géopolitiques, aux préjugés antisémites dans la mesure où ils deviennent essentiellement le produit du deux-poids deux-mesure et de la politique pro-israélienne du CRIF. L’article se termine aussi par un couplet hiérarchisant le racisme et leurs victimes.

Une frange de l’antiracisme, (mais est-ce encore de l’antiracisme ?), procède en effet d’un corporatisme identitaire qui fragmente la société.

Dès lors que le travail de mémoire, la lutte contre les discriminations, la lutte contre le racisme sont figées dans la fragmentation identitaire, au détriment d’une appropriation commune universelle de la lutte contre le racisme.

Le Front national et la droite-extrême ne pouvaient rêver de meilleurs supplétifs au sein du secteur antiraciste.

La déqualification du crime antisémite de Créteil « L’antisémitisme n’intervient pas dans l’acte lui-même « 

Certes, l’auteur reconnaît que le crime commis a été « particulièrement noir ». et « le niveau de violence atteinte a de quoi faire frémir ». Il lui fallait bien ce chapeau introductif pour atténuer la portée de ce qui allait suivre.
Il invoque alors très vite la « nausée » à propos de cette barbarie raciste. Non pas « la nausée » pour les faits eux-mêmes, pour la violence contre le jeune couple juif et le viol de la jeune fille, mais la « nausée » pour l’exploitation des faits « par l’ensemble des médias »  qui se seraient gorgés du caractère antisémite de l’’agression. Une agression dont il va très vite atténuer la dimension raciste puisque « en soi la chose est assez banale ! » .

IL ne nie pas que quelques « stéréotypes antisémites, surgi de la nuit des temps » aient pu germer dans l’esprit des agresseurs, mais il invite immédiatement à dissocier ces préjugés antisémites « en amont » de l’acte lui-même qui ne serait plus que crapuleux.

Les agresseurs auraient ainsi laissé leurs préjugés antisémites sous le paillasson de la porte d’entrée avant d’’entrer dans les lieux « l’essentiel pour eux était de commettre un cambriolage », leur motivation n’était plus que « l’appât du gain. » les violences et le viol la seule conséquence de cet « appât du gain »,

Concernant le viol, l’auteur se fait alors psychologue de l’antisémitisme et du viol en se plaçant sur le « plan des réflexes psychologiques et de la signification d’un acte », Le viol ne serait plus que l’incidence « banale » d’un acte crapuleux commis par des « esprits faibles ». .

La victime ne devient plus qu’une victime de viol « au passage » une aubaine interchangeable pour les voyous et l’article ajoute même qu’en d’autres circonstances les barbares « auraient choisi d’autres victimes ».

Il n’y a donc plus d’antisémitisme mais seulement un viol incident « pour faire bonne mesure » ( bonne mesure : geste commercial pour donner bonne impression au client.. faire plus que le nécessaire !).

L’auteur décrète alors péremptoirement « L’antisémitisme n’intervient pas dans l’acte lui-même « ce qui signifie clairement que pour lui le crime de Créteil ne comporte par le critère aggravant de racisme. Les auteurs de cette agression antisémite ne pouvait espérer meilleur témoin à décharge.

Les auteurs du drame de Créteil : de simples vecteurs neutres de préjugés antisémites

L’article discerne deux sources alimentant les préjugés antisémites des auteurs de l’agression.

⇒ Si des « préjugés antisémites » se greffent dans dans l’« esprit faible » des « larrons » , c’est sans doute en raison du « deux poids – deux mesures » qui conduit à sous-estimer les actes islamophobes. On l’aura compris, les préjugés « en amont » des auteurs du crime, ne sont que l’effet induit du traitement inégalitaire de l’islamophobie. L’antisémitisme devrait être apprécié dans une logique concurrentielle en fonction de l’échelle de Richter du traitement de l’islamophobie

⇒ Mais surtout il fournit des explications géo-politiques au crime raciste de Créteil. IL invoque en effet le discours « d’une institution comme le CRIF, qui propage en permanence l’image de Juifs qui seraient les soutiens naturels de la politique criminelle de l’État d’Israël, », ce qui engendrerait des « réactions d’hostilité » à l’égard des juifs.

Pourtant personne ne sait si les auteurs des faits, s’intéressent à la politique internationale, s’ils sont sensibles à l’islamophobie vou s’ils connaissent même le nom du CRIF. Cela n’empêche pas notre fin psychologue de les présenter comme des « esprits faibles » qui ne sont plus que des vecteurs neutres du racisme, les vrais responsables des préjugés qui ont conduit à leurs actes épouvantables, sont le deux-poids deux-mesures, le CRIF, et la politique d’Israël.

Cette démonstration résonne alors comme une circonstance atténuante, c’est un contexte islamophobe et géo-politique qui détermine l’antisémitisme.

Une hiérarchisation des racismes qui place les préjugés antisémites au bas de l’échelle de gradation.

Pour l’auteur de l’article, la manifestation du racisme « le plus dur » est celle des dominants sur les dominés, « L’antisémitisme d’aujourd’hui ne relève pas de cette catégorie, » nous précise t-il.

Les juifs (et parmi eux les malheureuses victimes de Créteil) n’étant une catégorie dominée, ils sont exclus du racisme « le plus dur », réduits à un statut de victimes de second ordre.

Pour le MRAP le racisme structurel de masse qui s’inscrit dans les rapports de domination, mais aussi les idéologies, les faits, les actes, les préjugés et stéréotypes racistes qui n’entrent pas dans les rapports de dominations font partie d’un tout indissociable.

Toutes les manifestations de racisme se nourrissent les unes des autres.

L’imposture du clivage artificiel entre deux antiracismes, l’un qui serait moral et l’autre qui agirait sur le plan structurel, n’est qu’une avatar des replis communautaires et identitaires qui hiérarchise les racismes et leurs victimes.

Le MRAP qui s’est engagé contre le racisme colonial et néo-colonial, qui a lutté pour l’adoption de lois antiracistes et anti-discrimination, qui ouvre ses permanences aux victimes du racisme structurel comme du non-structurel, qui poursuit en justice les plus hauts responsables politiques ne procède pas de cette hiérarchisation du racisme.

Cet antiracisme concurrentiel et hiérarchisé n’est pas le notre !.


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