Les théories raciales contre l’universalisme des droits de l’homme

mercredi 14 mai 2014
par  mrap40
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Si le racisme est surdéterminé par les rapports de domination économiques et sociaux il est aussi la conséquence des idéologies de haine multiformes qui peuvent précéder les actes.
L’émergence d’un corps de doctrine appelant à "la lutte des races" impose aux militants antiracistes de se saisir de cette réalité politique nouvelle.

Des couples mixtes racialisés

Les couples mixtes et le métissage sont devenus les cibles communes de l’extrême-droite et des identitaires communautaires.
Eric Zemmour et Riposte Laïque, ont déjà attaqué le métissage de la société, (voir sur le site internet de RL « Métissage », « métissé », « métissons », « métissurage », « France métissée »... C’est évident, il y a épidémie de métissopathie » (1)

Houria Bouteldja du Parti des Indigènes de la République (PIR) procède de la même stigmatisation du métissage et des couples mixtes.

La porte-parole du PIR présente ainsi ses « grandes sœurs » conjointes des couples mixtes, comme des « envoûtées » par le « prince charmant blanc ».

Le « Prince charmant blanc » procéderait en effet d’un projet diabolique à l’encontre de sa conjointe « indigène » : « Un envoûtement> qui projetterait de faire d’elle la complice ou la supplétive du "système raciste blanc" ».

Le « prince charmant » émissaire de la race adverse a donc pour vocation de dénaturer l’identité de la famille maghrébine.

A l’extrême-droite, par un effet miroir, c’est bien évidement le prince charmant qui se laisse envoûter par celle qui, sans doute, tente « d’obtenir frauduleusement des papiers » par le passage devant Monsieur le Maire !.

Elle formule alors une conclusion choc qui appelle les jeunes filles « indigènes » à se marier dans la « communauté » afin de pouvoir être « enfin libres » (1) et faire preuve « de leur allégeance communautaire ».
C’est là une injure faite à tous ces couples mixtes qui sont une des richesses de notre société.

Bouteldja partage ainsi avec la droite et l’extrême-droite, la mise au « ban public » des amoureux ainsi stigmatisés.

La racialisation du genre sexuel

C’est sans doute le débat sur le mariage homosexuel qui permet de faire définitivement tomber le masque antiraciste des « indigènes » et leurs dérivés. La revendication de l’égalité des droits pour les homosexuels devient ainsi une manifestation de « l’impérialisme gay occidental et blanc ». (3)

Felix Ewange Epée et Stella Magliani-Belkacem, dans leur opuscule « les féministes blanches et l’empire » (4) consacrent 21 pages à l’homosexualité ou plus exactement à sa négation en tant que genre sexuel dans les pays arabes et musulmans.

L’homosexualité dans ces pays et par extension dans les banlieues populaires se réduirait à des « pratiques homoérotiques ! ».

La dimension affective d’une relation homosexuelle, le désir de vivre ensemble, l’aspiration à construire un avenir commun matrimonial ou familial, la revendication des droits qui en découlent, seraient l’expression d’une spécificité blanche, étrangère au monde arabe ou africain.

Il semble d’ailleurs que le regard que les deux auteurs portent sur les « pratiques » homosexuelles en pays arabes ou musulmans ne soit guère tolérant. Les deux exemples cités par eux concernent, dans un cas une secte égyptienne commémorant "la mort du peuple de Loth" à l’occasion de pratiques « offensant la religion » et dans l’autre celui de deux adolescents iraniens homosexuels, vite requalifiés comme « violeurs » par nos deux « indigènes ».

Cette volonté de stigmatiser l’homosexualité va encore plus loin. Felix Evange Epée et Stella Magliani-Belkacem, suivis d’Houria Bouteldja sur le site des indigènes, découvrent l’épicentre de l’homosexualité occidentale en Israël. Ce pays financerait ainsi les gays-prides dans le monde afin de « laver les crimes d’Israël » au « détergent gayfriendly ». C’est là une théorie du complot dont les ambassades israéliennes seraient les instruments.

Il y a dans ce détour vers le proche-orient comme un message subliminal associant « sionisme » et « homosexualité ».

La cause palestinienne n’a bien entendu rien à gagner de ce genre de théories complotistes que l’on croirait extraites d’un sketch de Dieudonné.

Cette « racialisation » du genre homosexuel présentée comme un marqueur du monde occidental blanc impose alors de faire un détour par l’Afrique du Sud.

C’est en 2006, dans le pays de Nelson Mandela et Thabo Mbeki que le mariage gay a été reconnu par le parlement avec l’écrasante majorité de 230 voix contre 41.

Desmond Tutu, militant anti-apartheid et prix Nobel de la paix a comparé la « criminalisation des actes d’amour entre certaines catégories de personnes » à de « l’apartheid ».

Le message universaliste des parlementaires sud-africains peut dès lors être opposé au "racialisme communautariste" et anti-républicain d’une Houria Boutledja, porte-parole du groupuscule quand elle décrète :

« la loi coutumière des quartiers est plus forte que celle de l’Etat. En d’autres termes, les indigènes savent intimement que même si le mariage gay était institutionnalisé, il ne pénétrera pas dans les quartiers ».

Et pour que l’on entende bien son message racial elle ajoute que ce refus du mariage homosexuel est une « démonstration de résistance inouïe » une « régression féconde » et ajoute « j’en suis, car je suis résolument de leur côté de la fracture raciale ».(5)

Elle reçoit alors le renfort des organisations alter-islamistes. L’islam politique sait en effet avancer masqué ; il lui suffit de se parer d’un vague discours altermondialiste pour être intégré à "l’axe du bien anti-américano-sioniste", par quelques tiers-mondistes primaires qui redécouvrent la révolution mondiale sous la bannière religieuse.

C’est ainsi que « Participation et Spiritualité Musulmane » l’antenne française du parti islamique marocain « Al Adl Wal », proche des frères musulmans mais aussi d’une frange du mouvement de soutien au peuple palestinien, s’est fendue d’un communiqué (6) condamnant le mariage homosexuel dans des termes que ne renierait pas Frigide Barjot ou le grand Rabbin Bernheim.

De même Abdelazziz Chaambi président de la "Coordination contre le racisme et l’islamophobie" a signé un autre appel (7) qu’aurait pu revendiquer Christian Vanneste et comportant cet extrait obscurantiste :" Si, au nom du seul principe d’aimer, il devient légitime de s’arroger de nouveaux droits, qu’aurons-nous à répondre envers ceux qui souhaiteront la reconnaissance de l’inceste ou de la pédophilie ?"

.

En conclusion : le retour de la race comme élément structurant de ce discours politique communautariste devient un phénomène très inquiétant.
La « fracture raciale » entre blancs et non-blancs théorisée par les identitaires « indigènes » affecte tous les domaines de la vie, économique, social, culturel et même affectif quand les couples mixtes et le genre sexuel se trouvent ainsi « racialisés ».

La "haine raciale" que l’on croyait réservée à l’extrême-droite est aujourd’hui revendiquée par ces « indigènes » auto-proclamés représentants des quartiers populaires. Elle reçoit malheureusement la caution de quelques intellectuels patentés ou militants antiracistes qui gravitent autour de ces théories « racialistes » sur les tribunes ou dans des colloques divers.

Le débat sur le mariage homosexuel aura été un extraordinaire révélateur de la duplicité de ces secteurs islamo-politiques réactionnaires.

(1)http://ripostelaique.com/metissage-obligatoire-trois-ans-plus-tard-melenchon-copie-sarkozy.html
(2) « Pierre, Djemila, Dominique...et Mohamed » texte de H.Boutledja – site du PIR le 8 mars 2012
(3) H.Bouteldja invente un « impérialisme gay » dans « Ce soir ou jamais », du 6 novembre 2012 à propos du mariage gay .
(4) paru dans les éditions « La Fabrique »
(5) Universalisme gay, homoracialisme et « mariage pour tous » paru sur le site du PIR
(6)http://www.psm-enligne.org/index.php/2011-06-30-23-44-4/actualites/2058-communique-non-a-la-loi-qmariage-pour-tousq
(7) http://www.saphirnews.com/Mariage-gay-Un-debat-pour-tous_a15995.html


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